Les différents systèmes d’écriture : comment écrit-on les langues du monde ?

Claire

Il existe une multitude de façons de retranscrire à l’écrit les langues parlées à l’aide de signes graphiques. Ces différentes façons sont appelées des « systèmes d’écriture ». C’est ce que l’on appellerait couramment des alphabets, mais comme nous allons le voir tout de suite, les systèmes d’écriture ne sont pas tous des alphabets, loin de là.

Pour mieux comprendre comment s’écrivent les langues du monde, nous allons faire un tour d’horizon des différents types de systèmes d’écriture et voir un peu comment ils fonctionnent.

Les trois grandes catégories de systèmes d’écriture

Il existe trois grands types de systèmes d’écriture :

  1. Les alphabets
  2. Les syllabaires
  3. Les systèmes logographiques

Nous allons voir en détail comment marchent ces différents systèmes.

1. Les alphabets

Un alphabet est un ensemble de signes graphiques représentant chacun un son (phonème) vocalique ou consonantique (voyelle ou consonne). Ces signes sont appelés des lettres. Les alphabets les plus connus sont les alphabets latin, grec et cyrillique, mais il en existe bien d’autres encore, comme l’alphabet géorgien, l’alphabet arménien, les runes celtiques et germaniques, le tifinagh, l’avoiuli…

Բարի առավոտ (alphabet arménien)

Добрай раніцы (alphabet cyrillique, biélorusse)

გამარჯობა (alphabet géorgien)

Καλημέρα (alphabet grec)

Bonjour (alphabet latin, français)

ⴰⵣⵓⵍ, ⴼⵍⵍⴰⵡⵏ (tifinagh, tamazight)

(tengwar, elfique, inventé par J. R. R. Tolkien)

Le principe de base des alphabets est que chaque lettre est censée représenter un son, et chaque son est censé être représenté par une lettre. Néanmoins il est rare que les langues à alphabet suivent vraiment ce principe.

Par exemple, en anglais la lettre A peut faire les sons /ɑː/, /æ/ et /ə/, et inversement le son /ə/ peut s’écrire avec un A, un E, un I, un O comme un U :

(source : Pascal Geanty, Systèmes d’écriture)

Si dans l’alphabet d’une langue, chaque lettre correspond à un seul son et chaque son à une seule lettre, on dit qu’il s’agit d’un alphabet phonémique. C’est le cas par exemple du turc, ou de l’Alphabet Phonétique International (API), un alphabet conçu par des linguistes pour retranscrire phonétiquement n’importe quelle langue.

Si un même alphabet est utilisé pour écrire plusieurs langues, ces langues ont généralement quelques lettres qui leur sont propres.

Par exemple, des dizaines de langues européennes et africaines s’écrivent avec l’alphabet latin et ses vingt-six lettres de base, mais nombre d’entre elles ont leurs lettres supplémentaires : le ß en allemand, le Ł en polonais, le Ð en islandais, le Œ en français, et ainsi de suite.

Ces variantes des lettres de base sont le plus souvent créées à l’aide de signes qu’on ajoute à la lettre : accents graves (À), aigus (Á), circonflexes (Â), tréma (Ä), cédille (A̧), tilde (Ã)… Ces signes ajoutés aux lettres s’appellent des diacritiques. Vous pouvez voir ici un tableau des diacritiques les plus fréquents dans l’alphabet latin.

Enfin, il y a une forte variation au sein d’un même alphabet : les lettres peuvent changer de forme selon qu’elles sont en majuscules ou minuscules, en écriture cursive ou d’imprimerie, ou encore en italiques. La forme des lettres varie aussi d’une personne à l’autre selon son écriture personnelle :

Des alphabets sans voyelles : les abjads

Certains alphabets ne possèdent que des consonnes, ne notent pas les voyelles. On appelle ces alphabets consonantiques des abjads. L’on peut citer les abjads arabe et hébreu, et leurs ancêtres, les abjads phénicien et araméen. Si l’alphabet latin était un abjad, il ressemblerait donc à ceci :

B C D F G H J K L M N P Q R S T V W X Z

Cependant les abjads comportent souvent quelques rares voyelles. Par exemple, l’abjad arabe possède une voyelle : le A, première lettre de l’alphabet.

Les abjads ne retranscrivant que les consonnes, il faut donc connaître la langue pour pouvoir la lire, sans quoi le lecteur ne sait pas quelles voyelles il faut prononcer dans chaque mot. Par exemple, pour dire bonjour en arabe, l’on peut dire marhaba, qui s’écrit ainsi :

مرحبا mrhba

Une caractéristique de l’abjad arabe est que les lettres changent de forme selon qu’elles sont au début, au milieu ou à la fin du mot. Par exemple, la lettre B s’écrit des manières suivantes :

Les alphabets et abjads sont généralement écrits sur une ligne imaginaire sur laquelle se placent côte à côte les lettres.

On voit par exemple comment l’alphabet ogham, écriture de l’irlandais entre le IVème et IXème siècles, s’écrit à l’aide d’encoches gravées sur une ligne verticale (la tranche d’une pierre). À partir du VIème siècle, l’ogham s’écrit à l’horizontale et sur du papier, la ligne est alors tracée à l’encre.

Alphabet ogham et exemple de texte en ogham ; ici les lettres s’écrivent de bas en haut (sources : Wikimedia et Omniglot)

Un cas particulier d’alphabet : le hangeul

Le hangeul (ou hangul) est l’alphabet du coréen. Il comprend quarante lettres, appelées jamos. Les jamos peuvent représenter une consonne simple, une consonne double (géminée), une voyelle de base ou une voyelle composée.

La grande spécificité du hangeul est que, pour constituer des mots, on ne place pas les lettres côte à côte sur une ligne, comme le font habituellement les langues à alphabet. Au lieu de cela, les jamos s’imbriquent dans un carré imaginaire afin de constituer des syllabes, lesquelles constituent à leur tour des mots.

Ainsi, le mot hangeul est constitué des syllabes han et geul :

한 글

han geul

En décomposant chaque syllabe, on peut reconnaître les lettres qui les constituent. Voici en bleu sombre les consonnes initiales, en mauve les voyelles et en bleu clair les consonnes finales :

Maintenant que nous avons vu comment marchaient les alphabets, nous pouvons passer au deuxième grand type de systèmes d’écriture : les syllabaires.

2. Les syllabaires

Un syllabaire est un système d’écriture dont chaque symbole ne représente pas un son seul à la manière des alphabets, mais une syllabe. On appelle ces symboles-syllabes des « syllabogrammes », et le syllabaire est appelé « système syllabographique ».

Par exemple, le japonais s’écrit avec des syllabogrammes :

Syllabaire hiragana japonais

Voici un autre exemple de système syllabographique : le syllabaire inuktitut. Il s’agit du système d’écriture de la langue inuit du même nom, parlée dans le nord du Canada. La phonologie inuktitut connaissant uniquement trois voyelles, ce syllabaire n’est constitué « que » de 48 symboles. Il est exceptionnel pour plusieurs raisons.

Une première particularité de ce syllabaire est que non seulement il possède des symboles pour les syllabes, mais aussi pour les sons consonantiques et vocaliques isolés, ce qui est le principe… d’un alphabet.

Syllabaire inuktitut (source : Wikimedia)

Vous pouvez voir dans la première ligne les voyelles seules, et dans la dernière colonne les consonnes seules. Un point ajouté au-dessus d’un symbole signifie que la voyelles est allongée.

Une deuxième particularité du syllabaire inuktitut est qu’il comporte en réalité seulement seize symboles, qui pivotent de 90° ou 180° pour indiquer la voyelle correspondante. Ce système d’écriture est ainsi à la fois précis et économe.

Entre alphabet et syllabaire

Il existe un intermédiaire entre l’alphabet et le syllabaire : l’alphasyllabaire, aussi appelé « abugida ». Ses symboles représentent bien une syllabe et non un phonème, cependant ces symboles-syllabes ont tous une voyelle par défaut (par exemple, le A), qui est modifiée en ajoutant un signe diacritique sur ou sous le symbole. Un exemple avec l’amharique, une langue sémitique :

Alphasyllabaire amharique (source : Pascal Geanty, Systèmes d’écriture)

On voit bien ici qu’on change la voyelle par défaut, le A, en ajoutant un point ou rond au symbole. Un point à mi-hauteur correspond à la voyelle U (deuxième colonne), un point bas, la voyelle Î (troisième colonne), et un rond bas, la voyelle Ê (quatrième colonne).

De nombreuses langues s’écrivent avec un alphasyllabaire, telles que le hindi et le sanskrit (écrits avec le syllabaire devanagari) ou encore le tibétain. Ainsi, la voyelle par défaut des syllabes tibétaines est un A. On la change en ajoutant les symboles suivants :

Comparez les syllabes A, I, U, E et O :

Ces mêmes signes diacritiques s’ajoutent de la même façon au reste des syllabogrammes tibétains :

Pour revenir au syllabaire de l’inuktitut, sachant que la voyelle de ses symboles-syllabes dépend de leur orientation, on peut plus ou moins considérer qu’il s’agit d’un alphasyllabaire.

Voilà donc comment marchent les syllabaires. Voyons à présent le troisième grand type de systèmes d’écriture : les systèmes logographiques.

3. Les systèmes logographiques

Un système logographique est une collection de symboles représentant non pas des sons mais des idées. Ces symboles sont appelés logogrammes. Par exemple, le logogramme japonais 月 signifie lune et mois, le logogramme 人 signifie homme, et le logogramme 山 signifie montagne. Les logogrammes du japonais étant directement issus du chinois, il peut donc y avoir une intercompréhension entre le chinois et le japonais, mais uniquement à l’écrit (la prononciation des caractères différant d’une langue à l’autre).

Les logogrammes correspondent à un sens, mais aussi à une forme phonétique d’une ou plusieurs syllabes : le logogramme japonais 月 se prononce tsuki. Cette forme phonétique peut changer selon que le logogramme est seul ou associé à d’autres logogrammes pour former un nouveau mot. Par exemple, dans le mot japonais janvier (一月 ichigatsu, littéralement mois un), 月 ne se prononce plus tsuki mais gatsu ; et dans le mot lundi (月曜日 getsuyōbi, littéralement jour de la lune), 月 se prononce getsu.

Les logogrammes se regroupent en deux catégories : il y a d’une part les pictogrammes, et d’autre part les idéogrammes.

Les pictogrammes représentent des idées à l’aide de dessins figuratifs, à la manière des hiéroglyphes égyptiens, des peintures rupestres préhistoriques ou, à notre époque, des symboles : un avion sur un panneau de signalisation signifie « aéroport », la figure d’un homme et d’une femme côte à côte indique « toilettes », un éclair signifie « électricité », et ainsi de suite. Les emojis (du japonais e, dessin et moji, lettre) sont eux aussi des pictogrammes.

Les idéogrammes, quant à eux, représentent des idées avec des symboles abstraits, des formes géométriques arbitraires. Par exemple, le logogramme japonais et chinois 月 signifie lune et mois, un huit couché (∞) signifie infini, une croix incorrect ou interdiction

Dans la vie de tous les jours, on associe couramment les idéogrammes et les pictogrammes : on exprime par exemple l’idée « interdiction de fumer » en représentant une cigarette (image = pictogramme) dans un cercle rouge barré d’une ligne diagonale (figure abstraite = idéogramme).

Les logogrammes représentant des mots et non des sons, les langues à système logographique nécessitent des milliers de logogrammes pour s’écrire. On considère par exemple que le japonais emploie entre 2 000 et 3 000 logogrammes dans la vie courante.

Avant de devenir des idéogrammes abstraits, les caractères chinois (appelés sinogrammes ou hànzì en chinois) étaient des pictogrammes, comme ce fut le cas pour les logogrammes d’autres écritures anciennes tels que l’écriture cunéiforme et les hiéroglyphes égyptiens :


(source : Maspero, G. (1870). Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l’archéologie égyptiennes et assyriennes)

Il existe d’ailleurs une histoire intéressante quant à l’invention des sinogrammes :

« D’après la légende, les caractères chinois ont été inventés par Cang Jie (倉頡 Cāngjié) au temps mythique de l’empereur jaune, il y a près de cinq mille ans. Après avoir vu comment un chasseur peut identifier à son empreinte l’animal qu’il poursuit, il aurait formé son premier système d’écriture en désignant chaque chose par une marque immédiatement reconnaissable. En réalité, [les caractères chinois] apparaissent vers 1300 avant J.-C. »

(Wikipédia, Caractères chinois)

Plusieurs systèmes d’écriture pour une même langue

Il arrive qu’une même langue utilise plusieurs systèmes d’écriture simultanément. C’est notamment le cas du japonais (comme vous l’avez peut-être remarqué), puisqu’il s’écrit à l’aide de quatre systèmes d’écriture : un alphabet, deux syllabaires et des logogrammes.

L’alphabet, dit romaji, ne s’emploie en réalité que pour translittérer le japonais. Cet alphabet n’est pas propre au japonais puisqu’il s’agit de l’alphabet latin (romaji signifie lettres romaines en japonais). Ainsi, la phrase « Mon nom est Emma » se retranscrit ainsi en romaji : « watashi no namae wa Ema desu ».

Les deux syllabaires, respectivement les hiragana et les katakana, comportent chacun 46 symboles-syllabes et des dérivés de ces symboles. Les syllabes qui constituent ces syllabaires sont précisément les mêmes, mais s’écrivent différemment. Vous pouvez comparer les hiragana, vus plus tôt dans la partie consacrée aux syllabaires, avec les katakana (tableau de droite) :

Syllabaire des hiragana
Syllabaire des katakana

Si le japonais utilise deux syllabaires au lieu d’un, c’est parce que les katakana s’emploient uniquement pour retranscrire les mots étrangers. Dans notre phrase « Mon nom est Emma », par exemple, seul le mot Emma, qui est un nom étranger, s’écrit en katakana : エマ (e – ma).

Les hiragana, eux, s’emploient pour les particules, les prépositions, les terminaisons et conjugaisons, les interjections et des mots simples comme y avoir ou être.

Enfin les idéogrammes, appelés kanji, viennent directement du chinois. Les kanji sont visuellement plus complexes et numériquement bien plus nombreux que les hiragana et katakana. Dans notre phrase, les mots je et nom s’écrivent en kanji : 私(watashi), 名前 (namae).

Ainsi le japonais jongle constamment entre trois systèmes d’écriture : deux syllabaires et un système logographique, les trois étant mélangés dans les phrases. Voyez par exemple notre phrase de départ, « Mon nom est Emma », avec en bleu sombre les kanji, en mauve les hiragana et en bleu clair les katakana :

Le japonais n’est pas la seule langue qui utilise plusieurs systèmes d’écriture à la fois. C’est aussi le cas notamment de l’écriture maya, qui combine les logogrammes et les syllabogrammes. Un même mot peut donc être écrit à l’aide d’un dessin, ou à l’aide de symboles-syllabes. Ainsi, le mot jaguar (b’alam) peut être représenté visuellement avec un pictogramme (à gauche, une tête de jaguar), ou bien phonétiquement à l’aide des syllabogrammes b’a, la et ma (à droite) :

(source : Wikimedia)

De plus, les pictogrammes et syllabogrammes peuvent se combiner :

(source : Wikimedia)

Ce système à la fois logographique et syllabographique est dit « logosyllabique ». Ce style d’écriture permettait de faire des arrangements en carré, appelés glyphes, dont l’esthétisme élevait l’écriture au rang d’art.

Glyphes mayas, entre le Vème et VIIIème siècles, musée de Palenque, Mexique (source : Wikimedia)

Le sens d’écriture

Comment parler d’écriture sans évoquer le sens d’écriture ?

Traditionnellement, les langues chinoises, le coréen et le japonais s’écrivent verticalement et de droite à gauche. De nos jours, on les écrit aussi horizontalement et de gauche à droite.

Les abjads arabe et hébreu s’écrivent de droite à gauche. Cette façon de faire peut nous sembler contre-intuitive, pourtant il fut un temps où le grec ancien, le latin ou l’étrusque s’écrivaient alternativement de gauche à droite puis de droite à gauche à chaque changement de ligne. Ce style d’écriture s’appelle le boustrophédon (à ne pas confondre avec l’écriture spéculaire, c’est-à-dire en miroir, lorsqu’un individu décide d’écrire dans le sens contraire à celui dans lequel sa langue s’écrit normalement).

Bonus : la sténographie

Il ne s’agit pas à proprement parler d’un système d’écriture d’une langue donnée, mais plutôt d’une technique d’écriture remontant à l’Antiquité grecque : la sténographie est l’art d’écrire aussi vite que l’on parle.

« Le besoin, sur le forum romain, dans les entreprises commerciales de la fin du XIXe siècle, dans les enceintes parlementaires d’aujourd’hui ou dans les amphis de l’université, est toujours le même : noter tout ce qui se dit pour n’en rien perdre et pouvoir se référer à l’intégralité du discours. »

Source : La sténographie a-t-elle de l’avenir ?

Pour ce faire, divers alphabets ont été inventés. Ils sont adaptés à la phonétique et au lexique de la langue à retranscrire, et leurs signes sont extrêmement simples, de manière à être tracés le plus rapidement possible.

Sténographie : méthode Duployé, affiche de la fin du XIXème/début XXème siècle

La sténographie a été utilisée en France jusqu’au début des années 2000, notamment pour la transcription des débats parlementaires. Elle est tombée dans l’oubli depuis l’apparition des nouvelles technologies d’enregistrement audiovisuel qui l’ont remplacée dans les lieux officiels. Pour en savoir plus sur le sujet, je vous recommande cet article.

La sténographie n’est pas propre à une langue donnée, c’est une technique employée par diverses langues, et il est courant qu’une langue connaisse plusieurs systèmes de sténographie (le français en compte une douzaine). Ci-dessous, un même texte en anglais retranscrit avec plusieurs méthodes de sténographie :

Exemple d’écritures sténographiques : prière Notre Père transcrite avec diverses méthodes du XIXème siècle (source : Cross, J. G. (1897). Eclectic Shorthand)

C’est tout pour cet article ! Il y aurait encore bien des choses à dire quant aux systèmes d’écriture ; il faudrait parler du braille, du morse, de l’écriture musicale et de tant d’autres encore, mais il serait impossible de parler de tous les systèmes d’écriture tant ils sont nombreux.

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