Si vous avez déjà appris une langue ou plus, par vous-mêmes ou avec un professeur, vous avez peut-être une idée de par où commencer pour vous mettre à une nouvelle langue.
Sinon, vous êtes probablement perdus.
Perdus ou non, dans cet article vous trouverez des conseils pour vous guider.
La première langue que j’ai apprise en auto-didacte était le russe. J’ai commencé en 2017, alors que je n’avais aucune expérience dans l’apprentissage de langues en auto-didacte, aucun plan, aucune base solide en grammaire.
Je me suis élancée à corps perdu dans un marathon à l’aveugle.
On pourrait dire que j’étais perdue, mais en réalité non : je ne savais pas quoi faire pour avancer, alors je faisais tout ce qui me semblait bien et intéressant.
Et ça a marché. J’ai progressé.
Avec difficulté, lentement, mais j’ai progressé.
Après deux ou trois ans, je pouvais parler russe. Pas très brillamment, mais c’était un premier accomplissement.
Tous ceux qui se sont attaqués au russe (je parle de la langue, bien entendu) vous le diront : il a une grammaire cauchemardesque – ou paradisiaque, si vous êtes comme moi un grammairien masochiste.
Commencer en auto-didacte par le russe, c’était faire ses premières dents sur de la peau de rhinocéros.
Après avoir grimpé cette montagne-là, je pouvais atteindre n’importe quel autre sommet.
Aujourd’hui je parle couramment russe, et j’ai pu tirer des leçons de mon apprentissage. Debout en haut de la montagne, je vois le chemin que j’ai parcouru à l’aveuglette, les impasses dans lesquelles je me suis retrouvée, les raccourcis que j’aurais pu prendre.
« L’expérience est une lanterne que l’on porte sur le dos et qui n’éclaire que le chemin parcouru. » ― Confucius
Toutes les langues sont différentes, aucun apprentissage ne ressemble à un autre. Mais comme un alpiniste peut vous donner des conseils essentiels pour entamer l’ascension d’une montagne, bien que toutes les montagnes soient différentes, on peut avoir en tête une idée précise de ce qu’on doit faire pour apprendre une langue.
On apprend en se retournant et regardant le chemin parcouru. Le dur apprentissage du russe m’a permis de tirer une expérience précieuse, que j’ai pu appliquer pour apprendre d’autres langues et que j’appliquerai et enrichirai en en apprenant d’autres encore.
À présent, je sais en quoi consiste l’apprentissage d’une langue. Je sais par où commencer, quels objectifs avoir, comment pratiquer pour progresser vite. C’est de ça que je veux vous parler.
1. À quel port allez-vous
« Nul vent n’est favorable pour celui qui ne sait où il va », jugeait Sénèque.
Je ne suis pas à 100 % d’accord. Forrest Gump ne donne aucune direction à sa vie, il n’est pas à plaindre pour autant.
Quand je me suis mise au russe, je n’avais pas de but. La curiosité seule me poussait.
Plus tard dans mon apprentissage, un objectif m’est apparu : parler comme une locutrice native. La passion de la langue me poussait. Ce qui était d’abord une absence de but est donc devenu un projet pharaonique, Sénèque aurait été affligé.
Si ça a marché pour moi, c’est parce que je n’étais absolument pas pressée, et que l’apprentissage du russe n’est pour moi pas un moyen (avantages professionnels, voyages) mais une fin en soi qui se suffit à elle-même. Jamais je n’aurai fini d’apprendre le russe. Je n’arriverai à aucun port et c’est très bien comme ça. Ce que je veux, c’est naviguer longtemps.
Déterminer votre objectif sera en revanche indispensable si vous voulez progresser vite, si vous avez une date limite ou un projet précis. Si vous voulez tout simplement atteindre votre objectif. Utilisez pour cela la méthode de définition d’objectif S.M.A.R.T.
2. Quel vent vous pousse en avant
Prenez deux minutes pour réfléchir sérieusement à la question. Pourquoi voulez-vous apprendre cette langue ?
L’apprentissage d’une langue est un processus long et difficile. Si vous n’avez aucune raison sérieuse d’apprendre cette langue, vous allez très probablement vite laisser tomber.
Quand je me suis mise au portugais, je n’avais aucune raison sérieuse. Oui, parler une langue latine de plus, ce serait chouette. Oui, pouvoir parler avec des lusophones, ce serait cool. Pourquoi pas apprendre le portugais.
Mais la langue en soi ne me plaisait pas beaucoup, sa phonétique m’embêtait plus qu’autre chose, je n’avais l’intention de voyager ni au Portugal, ni au Brésil, et la culture de ces pays m’était aussi étrangère qu’indifférente. Mon apprentissage a été aussi intensif que court. Deux semaines sérieuses, trois au plus. Ma réelle motivation n’était non pas la langue, mais l’envie de me surpasser ; je l’ai fait, j’ai pu parler en un temps record, et aussitôt tout laisser tomber car j’avais atteint mon objectif inconscient. Ce n’est pas apprendre une langue, ça.
Quand la motivation est la seule force qui nous fait avancer, les « pourquoi pas » sont un bien piètre moteur. Ils n’emmènent pas très loin.
Pour tenir bon et mener votre apprentissage jusqu’au bout, ayez une (ou des) motivation(s) qui vous pousse(nt) réellement. La motivation peut ne pas être rationnelle – ça peut être le simple amour de la langue. Mais il doit y avoir une motivation. Elle sera votre feu divin pour surmonter les coups de mou et tenir sur le long terme. Pour en savoir plus sur les raisons d’apprendre une langue, vous pouvez consulter l’article Pourquoi apprendre une langue étrangère.
3. Avoir les mots
Vous savez (ou non) où vous allez et vous savez que vous avez une raison de tenir le cap. C’est bon, vous pouvez commencer le chemin.
Vous partez de A, vous allez à B.
A, c’est le point zéro, vous ne connaissez qu’une poignée de mots dans la langue qui vous intéresse, voire aucun.
B, c’est votre but. Et qu’il s’agisse de pouvoir échanger trois mots avec un natif ou de parler mieux l’anglais que Shakespeare, la différence la plus flagrante entre A et B est que, à B, vous connaissez des mots, et assez.
C’est la première constituante de la maîtrise d’une langue, et c’est votre objectif numéro 1 : acquérir le vocabulaire de base.
Le vocabulaire de base, celui que vous voulez connaître, ce sont les mots les plus souvent utilisés en conversation. Ainsi, vous aurez une bonne base sur laquelle développer votre apprentissage.
Certains mots sont plus courants que d’autres. Manger est plus courant que se sustenter. Aller est plus courant que gambader. Beau est plus courant que ravissant.
Certaines personnes réalisent parfois des listes ordonnées des mots les plus courants dans telle ou telle langue. On appelle ces listes des listes de fréquence. Ces listes varient légèrement d’une langue à l’autre. Étrangement, tasse est un mot plus souvent utilisé que chaise en russe, tandis qu’en français chaise est plus courant que tasse. Je m’égare.
Ce genre de listes des mots les plus courants peut vous servir afin de trouver le vocabulaire de base qu’il vous faut apprendre. D’abord, trouvez ces mots. Puis retenez-les.
Veillez à ce que la liste que vous trouvez ne soit pas constituée uniquement de noms. C’est bien de connaître les mots livre, bus, famille, mais il faut des verbes, parler, penser, demander etc. Une liste qui ne comprend aucun verbe n’est pas très sérieuse ni utile. Il en existe pourtant beaucoup. J’ai deux livres de ce style : un dictionnaire russe illustré et un petit lexique actuel du russe. Le premier ne comprend aucun verbe, le deuxième bien trop peu. Or vous ne pourrez jamais parler si vous ne connaissez pas de verbes.
Avec le temps, j’ai constitué ma propre liste des mots de base à connaître pour parler une langue. Chercher comment se disent ces mots est la première chose que je fais quand j’apprends une langue. Voilà pour l’espagnol les feuilles que j’avais collées sur mon bureau et sur mon mur :
Si vous avez une liste de vocabulaire mais qu’elle n’est pas traduite dans la langue que vous apprenez, traduisez-la vous-même, à l’aide d’un natif, d’un bon dictionnaire, de Reverso Context. Évitez Google Traduction et les autres traducteurs qui ne fournissent pas d’exemples de mise en contexte.
Pour retenir votre liste de vocabulaire, voir l’article Comment mémoriser du vocabulaire.
4. Apprendre la grammaire
Vous savez que toutes les langues ont une grammaire qui définit comment elles marchent, un peu comme des règles définissant le fonctionnement d’un jeu.
Un exemple simple de grammaire : en français, il y a deux genres, le féminin et le masculin. En allemand, il y a trois genres : féminin, masculin et neutre. Tandis qu’en anglais, il n’y a pas de genre. L’équivalent dans un jeu pourrait être : ce jeu se joue avec deux dés. Celui-ci, avec trois dés. Celui-là, sans dés.
Étudier la grammaire, c’est découvrir les règles du jeu.
Cette étape n’est pas obligatoire. On peut apprendre à jouer sans qu’on nous lise ou explique les règles, juste en regardant et en jouant à notre tour. Certains ne se penchent jamais sur la grammaire, et ça leur réussit très bien.
Pour moi, étudier la grammaire est indispensable. C’est en comprenant comment marche la langue qu’on peut l’utiliser, éviter de faire des erreurs, parler correctement.
En ayant en tête des tonnes de notions grammaticales, on peut comprendre instantanément diverses règles de grammaire d’une langue à partir de peu d’exemples, et mettre aussitôt en pratique la règle en question. Et ainsi pouvoir parler tout de suite et sans fautes.
Je commence tout apprentissage de la langue par une grande immersion dans sa grammaire. Je me renseigne, je regarde de quoi elle est constituée – autrement dit, je lis les règles du jeu – pour savoir ce qui m’attend. Je fais un tour de la grammaire aussi complet que possible, avec wikipédia, des manuels, des blogs, des vidéos, et je résume tout clairement dans un fichier texte qui s’appellera « Grammaire du XXX ». Le but n’est pas encore de retenir, mais de comprendre.
Une langue est bien plus complexe qu’un jeu. Espérer tout saisir à l’intuition me paraît hasardeux. Voilà pourquoi je trouve essentielle l’étude de la grammaire.
Elle n’en est pas moins facultative, puisque certaines personnes ne s’intéressent pas du tout à la grammaire et parlent parfaitement de nombreuses langues : chacun sa méthode. Voyez l’étude de la grammaire non pas comme une obligation, mais un raccourci, une aide pour maîtriser mieux et plus vite la langue.
Pour cela, je vous recommande de trouver un manuel d’apprentissage de la langue pour débutant, ludique si possible, obligatoirement clair. Si vous ouvrez une page au hasard et ne comprenez rien à ce qui est écrit, ce livre n’est pas pour vous.
Le russe pour les nuls a été d’une très grande aide dans mon apprentissage du russe, il l’a en quelques sortes débloqué, puisque, ne m’intéressant pas à la grammaire, je pédalais dans la semoule. J’y ai découvert que le russe a des cas grammaticaux, ce qui a été une vraie révélation. Ce genre d’ouvrage est parfait pour commencer une langue.
Enfin, n’attendez pas de connaître le vocabulaire pour débuter l’apprentissage de la grammaire, ces deux étapes ne sont pas imperméables, bien au contraire.
5. Utiliser la langue
Cette étape est la plus cruciale. Sans elle, rien n’est possible.
Vous devez utiliser la langue, plusieurs fois par semaine, dans l’idéal quotidiennement.
Utiliser la langue, cela signifie discuter, parler (même seul/e), écrire, lire, voir des films, séries, vidéos, programmes télévisés, écouter la radio, des chansons, jouer à des jeux vidéos, mettre l’interface de vos appareils – smartphones, GPS, ordinateurs, tablettes – dans la langue que vous apprenez…
La pratique permet deux choses :
- graver dans votre mémoire ce que vous avez appris
- maîtriser la compréhension et l’expression sans devoir réfléchir.
Sans pratique, vous oublierez tout ce que vous avez étudié. Sans pratique, vous devrez toujours traduire mot à mot dans votre tête ce qu’on vous dit, même si vous connaissez tous les mots de la phrase, et vous parlerez toujours en faisant des pauses entre chaque mot, comme un puzzle saccadé.
Voilà très grossièrement comment marche la mémoire sémantique (la mémoire des connaissances générales : connaissances sur le monde, notions abstraites…) :
1. Vous découvrez pour la première fois une information, par exemple : « En anglais, brochet se dit pike ».
2. Cette information reste dans votre mémoire un certain temps, mais jour après jour s’estompe car elle n’est pas ravivée, « récupérée » : vous n’entendez plus le mot pike, alors après quelques heures, jours ou semaines, vous vous en souvenez à peine.
3. Vous êtes de nouveau confronté(e) à l’information nouvelle : vous reconnaissez le mot pike dans un documentaire animalier, ou vous le relisez quelque part.
4. Après avoir revu le mot une deuxième fois, vous l’oubliez bien plus lentement.
5. Vous quittez tout pour devenir pêcheur de brochets en Grande-Bretagne, et vous utilisez le mot pike une douzaine de fois par jour : il va se graver dans votre mémoire à tout jamais.
Je caricature mais vous l’avez bien compris : ce qu’on n’utilise pas s’estompe jusqu’à disparaître, ce qu’on utilise est gravé de plus en plus durablement dans la mémoire selon la fréquence d’utilisation du mot.
C’est pour ça que je connais très bien ma date d’anniversaire, mais pas celle de Charlemagne. La mienne revient tous les ans, et je la donne plusieurs fois par an. Celle de Charlemagne ? J’ai dû la lire une fois. Peut-être. J’ai oublié.
Mais les premières années de ma vie, je ne la connaissais sans doute pas, ma date d’anniversaire. Il a fallu que je l’apprenne. Qu’on me la répète jusqu’à ce que je ne l’oublie plus jamais.
Voilà ce qu’on appelle la courbe de l’oubli :
La première courbe bleue représente l’évolution du souvenir que vous avez d’une information vue pour la première fois (« En anglais, brochet se dit pike »).
La courbe commence à 100 % ; si quelqu’un vous dit : « En anglais, brochet se dit pike. Comment se dit brochet en anglais ? », vous n’hésiterez pas pour retrouver le mot que vous venez d’entendre.
Mais très vite, la courbe chute. Dix minutes plus tard, pourrez-vous retrouver le mot ? Trois jours après ? Deux semaines après ?
Personnellement, à moins de faire un effort conscient, il me suffit d’une minute pour oublier le prénom de mon interlocuteur qui vient de se présenter.
Mais si il y a une révision, la courbe fait un saut. On se souvient beaucoup mieux du mot. On l’oublie de nouveau mais plus lentement à chaque répétition ; les révisions jouent un rôle de piqûres de rappel.
La répétition permet à l’information apprise de rester définitivement dans notre mémoire. Je connais mon prénom parce qu’on me l’a répété, répété, répété, et je l’ai répété, répété, répété. Mais ceux de certains anciens camarades de classe, que j’entendais pourtant tous les jours, je les ai oubliés : ça fait trop longtemps que je ne les ai pas entendus, et je n’ai pas une très bonne mémoire.
Voilà comment marche la courbe de l’oubli.
Et voilà pourquoi la pratique est si essentielle : c’est la pratique qui ancre dans notre mémoire les mots que vous apprenez.
C’est aussi la pratique qui nous permet de retenir la grammaire.
Pour parler, il faut maîtriser des principes grammaticaux essentiels (les trois genres de l’allemand…). Étudier la grammaire nous permet de comprendre ces principes essentiels. Comprendre. Mais la compréhension n’est que la moitié du chemin vers la maîtrise ; l’autre moitié, c’est la pratique.
Et si bien souvent, la pratique mène d’elle-même à la compréhension, trop souvent, la compréhension sans pratique est, elle, vouée à l’oubli.
Petits, on apprend notre langue maternelle avec la pratique. On nous parle sans cesse, on est tous les jours plongés dans un bain linguistique, puis on se met à parler et on commence à s’exprimer quotidiennement. On est immergés dans un monde linguistique.
C’est ainsi qu’on retient le vocabulaire et intègre inconsciemment la grammaire : avec de la pratique pure à 100 %.
C’est pour cela que la pratique est la plus importante des trois composantes (vocabulaire, grammaire, pratique) : elle fixe dans votre mémoire tout le reste, et peut en réalité se passer d’une recherche volontaire de vocabulaire et d’une étude consciente de la grammaire.
Alors, comment pratiquer ?
La pratique a quatre dimensions, correspondant à des aptitudes linguistiques : compréhension écrite, compréhension orale, expression écrite, expression orale.
Voilà des manières de pratiquer ces aptitudes. Je vous recommande d’y choisir les activités qui vous attirent le plus et/ou auxquelles vous vous adonnez naturellement :
Écrite | Orale | |
Compréhension | Discuter en chat avec des natifs (connaissances, amis, correspondants1) Lire des articles sur des thèmes qui vous intéressent Lire des livres de fiction2/de non fiction3 Lire des scans de manga… | Parler avec des natifs Voir des vidéos YouTube Voir des séries, des anime, des films Écouter des chansons Écouter des podcasts Écouter la radio, voir la télévision… |
Expression | Discuter en chat avec des natifs Tenir un journal intime Écrire des textes courts : histoires vécues, critiques de films, réflexions, etc. Traduire des textes Faire des exercices sur des sites d’apprentissage de la langue, avec un manuel | Parler avec des natifs (en vrai, par webcam, sur un jeu en ligne…) Parler seul(e) à voix haute Répéter des phrases en regardant une vidéo/un film Chanter |
1 voir l’article Avoir des correspondants pour apprendre une langue
2 à noter que le vocabulaire dans les romans et autres œuvres fictives sera potentiellement plus littéraire et « rare » que dans un livre de non fiction, selon le style de l’auteur
3 naturellement, vous serez aussi confrontés à un jargon technique/scientifique si votre livre de non fiction se rattache à une discipline pointue
Si vous souhaitez être en mesure de tenir une conversation, trouvez quelqu’un avec qui discuter, et parlez. Si vous voulez pouvoir lire de la poésie, trouvez des recueils de poèmes. Vous développerez l’habitude que vous pratiquez : pratiquez-la.
Efforcez-vous de pratiquer de manière réelle et non pas avec du contenu scolaire. Votre connaissance de la langue sera plus naturelle.
De toutes ces activités, je préfère personnellement parler avec des correspondants : c’est à mon goût la pratique la plus réelle, intéressante et stimulante.
En conclusion, pour démarrer le voyage qu’est l’apprentissage d’une langue, ayez ces trois objectifs en tête :
- Apprendre le vocabulaire de base
- Comprendre la grammaire
- Et surtout, pratiquer autant que possible
En accordant vos actions à ces objectifs, vous progresserez rapidement.
Au fait, comment dit-on brochet en anglais ?