Pourquoi et comment tenir un carnet de langue

Claire

Le carnet de langue est le disque dur externe de l’apprenant de langue. Destiné uniquement au vocabulaire, il permet de noter tous les mots nouveaux que l’on découvre et veut retenir, mais il peut aussi bien s’employer pour tout le reste et servir alors à rassembler à un seul endroit vos apprentissages.

Votre carnet est individuel : vous le personnaliser selon vos besoins et vos activités. Il peut être sobre, aéré, riche en couleurs, minimaliste, illustré… Voici les raisons d’avoir un carnet de langue, et quelques idées que vous pouvez prendre et adapter selon vos envies pour structurer et enrichir le vôtre.

Pourquoi avoir un carnet de langue

L’intérêt le plus immédiat du carnet de langue, c’est la possibilité de centraliser toutes vos notes, vos cours, vos recherches. Mais il y a d’autres avantages à la tenue d’un carnet.

Écrire sur papier aide à retenir ce que vous notez : on mémorise mieux ce qu’on écrit à la main que ce qu’on écrit sur un écran.

De plus, tous les repères spatiaux habituels sont perdus lorsqu’on écrit sur un support virtuel : haut et bas, début ou fin de document, petit ou grand, ces métadonnées naturelles de l’écriture n’ont pas beaucoup de sens lorsque la première et la dernière page sont indifférenciables sur un écran, lorsqu’on peut voir le haut d’une page en bas de l’écran et vice versa, qu’on peut zoomer, et ainsi de suite. La liberté qu’offre le traitement de texte induit une forte volatilité : on peut déplacer du texte à volonté, l’effacer, l’ajouter. Or le cerveau mémorise bien mieux ce qui est clairement organisé spatialement, et le papier est un support physique avec une dimension absolument spatiale, claire à l’esprit et donc plus aisément mémorisable.

« Mais si je sais déjà que je ne vais jamais relire mon carnet ? ». Relire ou non n’a pas beaucoup d’importance : le seul fait de prendre des notes, lorsque vous discutez ou lisez, favorise déjà le processus de mémorisation de l’information, même s’il n’y a aucune révision ensuite.

Le choix du carnet

J’aime prendre avant tout des carnets pratiques : format moyen pour être facilement transportable, et à spirales pour que je puisse aisément écrire sur chaque page. Prenez ce qui vous plaît le plus, pas nécessairement cher. À ligne, carreaux ou points ; personnellement, les points m’encouragent à faire attention à mon écriture. Au final, mon carnet est plus lisible et donc plus agréable à utiliser.

Si vous souhaitez étudier quotidiennement la langue, utiliser un agenda (type scolaire, un jour par page) comme carnet de langue peut être une façon de s’assurer de travailler un peu tous les jours.

Enfin, si vous ne parvenez pas à vous organiser et que vos notes ressemblent à Hiroshima Nagasaki (voir photo ci-dessous), peut-être un bloc ou carnet de pages détachables vous conviendra mieux. Avec des pages détachables, vous pouvez retirer une page « brouillon » et recopier sur la page suivante, ou sur n’importe quelle page blanche à détacher et placer au bon endroit dans le carnet : c’est une bonne option pour pouvoir réécrire au propre et garder dans le bon ordre les idées. Envisagez dans ce cas d’écrire seulement sur le recto de la page : les pages peuvent se détacher du carnet, mais le verso ne se détachera pas du recto.

Manuscrit de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski

Que mettre dans son carnet ?

Tout le nouveau vocabulaire. Notez, en plus des mots seuls, des phrases entières qui redonnent du contexte aux mots : cela aide à mieux les mémoriser. Ajoutez, si besoin, des précisions au sujet du terme : pour maîtriser un mot, il ne suffit pas toujours d’en connaître le sens, de nombreux autres éléments s’y ajoutent. Pour en savoir plus sur le sujet : Comment maîtriser à 100 % un mot nouveau.

Les points de grammaire. Dans une partie séparée du vocabulaire ou bien par simple ordre chronologique daté.

Vos erreurs. Étrangement, on en parle assez rarement, mais noter ses erreurs aide énormément à les comprendre et ainsi à s’améliorer. Vous pouvez lister vos erreurs en bas de page, en fin de carnet, dans des encadrés…

Des pages « memento ». Des règles que vous voulez pouvoir retrouver vite ; dans mes carnets de russe, j’écrivais toujours dans les sept dernières pages un tableau de toutes les déclinaisons russes, et une description de l’usage de chaque cas grammatical. Je pouvais ainsi retrouver en un clin d’œil les informations dont j’avais besoin pour constituer des phrases.

Une liste « à chercher » ou « à étudier ». En début ou fin de carnet, une liste des mots que vous voulez chercher, des questions que vous vous posez, des points qui sont encore obscures, des choses que vous voulez pratiquer. Très utile pour noter ses idées de choses à étudier lorsqu’on n’a pas le temps de le faire immédiatement.

Vos buts. Se donner des buts précis aide à les atteindre. Mettez une échéance à vos objectifs, par exemple « savoir me présenter d’ici une semaine », « maîtriser les temps du passé d’ici deux semaines », etc. Associez des buts de résultats (ce que vous voulez atteindre) à des buts d’actions (les actions nécessaires pour atteindre les résultats). Par exemple, si votre but de résultat est « maîtriser les temps du passé d’ici deux semaines », votre but d’action pourrait être « étudier les temps du passé tous les jours pendant dix minutes ». Formuler un but d’action vous aidera à obtenir vraiment des résultats. Vous pouvez même constituer un calendrier ou un agenda d’étude/pratique de la langue.

Un sommaire. D’autant plus utile si vous avez beaucoup de parties dans votre carnet.

Des idées de mise en page

Utiliser des codes couleurs. Les couleurs aident à catégoriser rapidement les informations pour les retrouver plus vite. Mon carnet de langue actuel me sert à la fois pour le russe et l’espagnol ; alors, pour m’y retrouver facilement, je note les données de russe en bleu et celles d’espagnol en noir.

Pour les points de grammaire, je mets les termes en mauve, les explications en bleu et les exemples en turquoise ; ça donne un assez beau résultat, très engageant pour un contenu difficile.

Vous pouvez vous inspirer de techniques de journaling pour mettre en page vos notes :

Surligner/souligner au fluo. Dans le même thème de codes couleurs. Je trouve très utile de surligner le vocabulaire avec deux teintes : la plus claire pour les mots que je connais passivement, la plus sombre pour les mots que je connais activement (pour en savoir plus, voir l’article Vocabulaire actif et vocabulaire passif). Je peux ainsi voir en un coup d’œil quels mots je connais le mieux et quels mots je dois réviser.

Inclure des tableaux, des schémas, des mindmaps. Rend le contenu plus mémorisable. La position dans l’espace d’une information reste en mémoire (« Ce mot, je l’avais écrit en bas à droite ») et aide à se rappeler plus tard de l’information.

Faire deux colonnes pour le vocabulaire. L’intérêt de faire deux colonnes bien droites (à gauche les mots dans la langue A, à droite les traductions dans la langue B) est qu’on peut ainsi revoir le vocabulaire en cachant une des deux colonnes avec un marque-page, une feuille ou juste sa main pour réviser en mode flashcards (voir photo ci-dessous).

Mettre des dessins plutôt que des traductions. Si vous avez la fibre artistique, que vous êtes assez visuels, vous pouvez remplacer les traductions de vocabulaire par des dessins. Plus difficile à mettre en place pour des termes abstraits.

Ajouter des post-its. Pour retrouver facilement des parties si vous organisez votre carnet par thèmes, ou pour retrouver des pages importantes.

Mots en bleu pour le russe, noir pour l’espagnol, surlignés pour indiquer une connaissance passive ou active, en colonnes pour réviser en mode flashcards

En conclusion

Vous avez une liberté absolue sur votre carnet ; plus il sera lisible et beau, plus il vous donnera envie de l’utiliser, de le relire, d’y ajouter des choses. La tenue d’un carnet n’est pas qu’une question d’esthétique, mais d’efficacité.

Je serais ravie de voir vos carnets ! Vous pouvez me les partager par mail : hello(arobase)lingonaut.blog ou sur WhatsApp : 07 45 71 94 55 !

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