Pourquoi j’apprends des langues

Claire

Je suis une passionnée des langues. Je voudrais aujourd’hui vous raconter pourquoi je fais tout ça. Pourquoi je passe des heures à m’efforcer de maîtriser une langue, pourquoi je pars me les geler à Pétaouchnok pour pratiquer le russe, et pourquoi en plus j’aime ça. Il y a plusieurs raisons. En réalité, assez peu sont rationnelles.

C’est un peu comme aimer manger de la pizza, ou aimer se promener seul. Si on aime ça, on ne le fait pas dans un but. On n’a pas en tête d’objectif logique, du style « Je vais manger des pizzas afin de diversifier mes connaissances gastronomiques » – non, on aime les pizzas, on en mange, point barre. Pour moi c’est pareil. J’apprends les langues parce que j’aime les langues, je n’ai pas besoin d’une raison logique ; je m’en fiche, des bienfaits sur le cerveau, des opportunités de travail. Bien sûr que c’est chouette. Apprendre des langues a plus de bienfaits que manger de la pizza, on ne se le cache pas. Mais ces bienfaits sont des « dommages collatéraux bienvenus ». Si j’apprends des langues, ce n’est pas pour eux. C’est par curiosité, par passion, par amour. Voilà donc ce qui me donne envie d’apprendre une langue :

1. Par curiosité linguistique

Plus une langue est différente, et plus elle est susceptible de me passionner. Je vois toujours les langues comme des jardins ; chacun est différent, il a ses propres variétés de plantes, sa propre ambiance, ses propres couleurs. J’adore découvrir de nouveaux jardins.

La curiosité linguistique ne suffit pas ; avec elle, au mieux je vais me plonger dans la phonétique, la grammaire, un peu de vocabulaire, je me balade dans le jardin en petite promeneuse, juste le temps de le regarder. Mais apprendre une langue, ce n’est pas juste regarder rapidement ce qu’elle contient. C’est le mémoriser, le maîtriser, c’est y dédier du temps et des efforts. Et la seule curiosité ne suffit pas pour faire ces efforts.

2. Par appréciation du jardin – par amour de la langue

Si le jardin me plaît beaucoup, je peux vouloir m’y éterniser. Si la langue me plaît, je voudrai l’apprendre. Et éventuellement, je me mettrai à l’apprendre. C’est ainsi qu’il y a six ans, sans la moindre raison logique, je me suis jetée corps et âme dans l’apprentissage du russe. J’aimais le russe. Pas besoin d’autre raison.

3. Par intérêt pour l’endroit, le peuple, la culture

Je suis très souvent séduite par l’aura culturelle qui accompagne les langues ; l’Arménie me fait rêver. J’avais adoré la Moldavie, lorsque j’y ai fait un court séjour. La philosophie de vie hawaïenne m’intrigue, les millénaires d’Histoire derrière le perse me fascinent, et j’éprouve un respect mêlé de connivence envers mes ancêtres bretons dont je partage la terre de brume et d’embruns. Autant de raisons d’avoir au fond de moi la velléité d’apprendre l’arménien, le roumain, l’hawaïen, le perse, le breton.

Le jardin de l’allemand ne me plaît pas. Voilà, c’est dit, sans pincettes. Je n’aime pas comment sonne la langue, je n’aime pas son orthographe fade et sombre à mes yeux (trop de E et de I). Je n’aime pas ses racines germaniques, je n’aime pas sa grammaire qui m’évoque trop l’anglais. Mais là étaient mes ancêtres – en plus des Bretons. Alors je pense aux forêts de montagne, aux vallées verdoyantes, aux maisons médiévales, au folklore, aux mythes et légendes, à tout le monde romantique qu’il y a derrière la langue – le monde idéalisé qui plaît à mon cœur, précisément -, enfin je pense à mes ancêtres, et j’aimerais me rapprocher d’eux. Pourquoi pas apprendre l’allemand.

4. Par amour pour quelqu’un

Il n’a pas été rare que l’amour que je ressentais pour quelqu’un m’ait poussée à me mettre à apprendre sa langue. Quel meilleur moyen de se rapprocher de quelqu’un, faute de mieux ?

Il y a quelques jours, j’ai entendu une femme raconter qu’elle s’était mise au tchèque après un déclic. Quelques minutes plus tard, elle a ajouté avec pudeur que ce déclic, il s’agissait de la mort de son père, locuteur natif du tchèque. « Mon père me manque ».

Voilà ce qui me pousse à apprendre des langues. On pourrait y ajouter « par goût du défi », car mon dieu, quel bien fou ça fait de se surpasser ! Mais le goût du défi n’est pas une raison suffisante en soi. La passion, si.

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